Quand l’éditeur de Marvel Martin Goodman demanda à Stan Lee de lui fournir une nouvelle histoire de groupe pour sa ligne de comics, il était loin de s’attendre à quelque chose comme Les X-Men. D’ailleurs personne n’aurait imaginé l’extraordinaire phénomène qu’ils deviendraient — ni Goodman, ni Lee, ni même le futuriste et visionnaire Jack Kirby. Ils ne sont au départ qu’une charmante clique de marginaux, dont Lee et Kirby font des mutants — des jeunes nés avec des pouvoirs «X-traordinaires», qui ne sont pas le fruit d’une rencontre accidentelle avec des rayons cosmiques ou le souffle d’une explosion nucléaire, mais un don inné — dirigés par un professeur pragmatique qui les entraîne pour en faire les héros qui sauront protéger le monde contre toutes les menaces, mutantes ou pas.

Les premières années posent les bases narratives de la saga X-Men, qui l’installent au carrefour entre comics et culture populaire: harcelés par une majorité qui les craint sans les comprendre, nos mutants se retrouvent au cœur d’un genre de combat pour leurs propres droits civiques; Cyclope, Strange Girl, Angel, Fauve, Diablo et Iceberg trouvent un semblant de sécurité en vase clos, malgré les défis qui les isolent au sein de la société; sous les ordres du professeur Xavier, ils mènent une lutte idéologique contre son ennemi de toujours, Magnéto, qui a créé la Confrérie des Mauvais Mutants afin d’empêcher leur oppression en soumettant la race humaine.

Au fil du temps, Lee et Kirby — qui charbonnent avec enthousiasme pour faire entrer les comics dans l’ère Marvel — introduisent dans leur récit une ménagerie de super-vilains et de personnages secondaires qui deviendront des piliers de Marvel: Vif-Argent et sa sœur jumelle la Sorcière rouge, le formidable Blob, l’imparable Fléau, le tarzanide Ka-Zar, L’Étranger, demi-dieu venu des étoiles, Bolivar Trask et son armée de Sentinelles chasseuses de mutants... Quand Lee et Kirby laissent la place à de nouveaux talents pour explorer d’autres recoins de l’univers Marvel, la série est reprise en main, et pour longtemps, par l’artiste vétéran Werner Roth, transfuge d’Atlas, qui s’associe avec la jeune plume Roy Thomas, future légende de la saga X-Men.

D’un format proche de celui des œuvres originales, cette édition XXL reproduit les 21 premières histoires des superhéros déjantés les plus chers à notre cœur, publiées entre 1963 et 1966. Les exemplaires les mieux préservés de chaque numéro original ont été aplatis et reproduits en étroite collaboration avec Marvel et la Certified Guaranty Company. Chaque page a été photographiée et chaque tirage peaufiné grâce aux techniques de retouche numérique les plus modernes pour corriger les problèmes liés au mauvais vieillissement du papier et des encres bon marché employés à l’époque — pour un résultat qui donne l’impression de sortir tout chaud des meilleures presses d’imprimerie des années 1960. Le papier employé a été conçu en exclusivité pour cette collection afin d’imiter au plus près les comics originaux.

Ces récits fondateurs sont précédés d’un avant-propos de Chris Claremont, le cerveau à l’origine des X-Men modernes, qui fait revivre les années fondatrices du binôme Lee-Kirby et l’âge d’or du genre; ils sont accompagnés d’un essai approfondi de l’auteur de la série Fabian Nicieza, ainsi que d’œuvres originales, de photos et de divers documents datant des premières heures des X.